Le Glaneur

Le Glaneur

Felix Faure le président soleil et Mme Steinheil la pompe funèbre

Felix Faure le président soleil et Mme Steinheil la pompe funèbre

le President Félix Faure

Le Président Felix Faure

 

Felix Faure président de la république française du 17 janvier 1895 – 16 février 1899 (4 ans et 30 jours) un règne marqué non pas par sa vie, mais beaucoup plus par sa mort tragique dans les bras de sa maîtresse. Felix Faure qui est entré dans l’histoire de France est devenu une figure bien connu des français en raison de cette fin torride.

Après des mois de service comme ministre de la Marine, Félix Faure est nommé président de la France le 17 janvier 1895, suite à la démission du président Jean Casimir-Perier, grâce à une alliance de royalistes et de modérés.

Durant sa présidence, Félix Faure, fait face à de nombreux dossiers épineux qui secouent l'opinion publique.

Au premier rang de celles-ci figuraient l'affaire Dreyfus, dans laquelle l'officier Alfred Dreyfus était accusé d'avoir trahi sa patrie en vendant des secrets militaires français aux Allemands, et la crise de Fachoda au milieu de la course coloniale de l'Afrique avec les Britanniques.

Entre-temps, les problèmes qui ont accompagné la présidence de Félix Faure ne se sont pas arrêtés là et se sont poursuivis après sa mort.

« Contrairement aux présidents devenus célèbres de leur vivant, le président français est immédiatement entré dans l'histoire par les portes les plus larges après sa mort subite due à l'étrange manière de sa mort dans les bras de sa maîtresse. »

Le président que la presse ironique surnomme « le président soleil », et que le Journal du Peuple du 18 février, écrit qu’il était mort d'avoir « trop sacrifié à Vénus », La Presse du 22 février, se demande « s'il n'avait pas été victime des dangers inhérents à sa haute fonction…», Édouard Drumont dans son journal La Libre Parole, affirmait qu’il a été empoisonné par des « dreyfusards ».

 

Beaucoup de journaux de l’époque en relatant les faits ont omis de mentionnée que le président était avant sa mort en charmante compagnie. Felix Faure serait mort officiellement d’Apoplexie.

Celle qui serait la cause de la mort du Président va être gratifiée du surnom de « Pompe Funèbre »  

Sa mort selon, certains journaux serait due à des ébats passionnés avec sa maîtresse, On écrira même que le décès arriva en pleine fellation. Les mains agrippées sur la chevelure sombre de sa maîtresse, on a du coupé une poignée pour la défaire.  Le président est transporté inconscient dans son lit.

 Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demande en arrivant :

– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?

– Non, on l'a faite sortir par derrière.

 

ORAISON FUNEBRE DE CLEMENCEAU

 

Clemenceau était rédacteur en chef de « l’Aurore » quand mourut Félix Faure. Il ne pouvait faire moins que de consacrer quelques lignes — rapides, car il était minuit lorsqu'il connut la nouvelle — à cet important événement.

Il n'aimait pas Félix Faure et, même devant un cercueil, n'était pas homme à farder ses sentiments. Voici ce qu'il écrivit :

 

« M. Félix Faure est mort. Ce n'est pas un homme de moins dans la République, ce n'est qu'une place à prendre. Je vote pour Loubet.- »

« Il voulait être César, il ne fut que Pompée »

« En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui »

La mort de Felix Faure

Gisant de Félix Faure,  oeuvre du sculpteur René de Saint-Marceaux

 

Gisant de Félix Faure, Œuvre du sculpteur René de Saint-Marceaux

LES DERNIERS MOMENTS

la fin de felix faure

 

Toute la journée, jusqu'à cinq heures de l'après-midi, le président de la République avait mené sa vie habituelle. Cependant, d'après le Figaro qui le tient de M. Le Gall, le président n'avait pas fait, le matin, sa promenade accoutumée. C'est curieux, avait-il dit, je me sens un peu fatigué, j'ai les jambes un peu molles.» Toutefois, le matin de dix heures à midi, M. Félix Faure avait présidé le conseil des ministres et pris une part active à la délibération. Après le conseil, il avait déjeuné de fort bon appétit. De deux à cinq heures, le président avait eu ses réceptions du jeudi. C'est à cinq heures seulement que, se sentant indisposé, il appela M. Le Gall, secrétaire général de la présidence.

— Mon cher Le Gall, ça ne va pas. J'ai là derrière la tête à la nuque, une forte douleur. M. Le Gall, nullement inquiet, répondit quelques paroles banales et sortit. Une heure après, comme il venait de rentrer, il aperçut le président très pâle, qui lui déclara d'une voix faible : ...

— Décidément, ça ne va pas. Je suis très mal, très mal... M. Le Gall, voyant chanceler le président de la République, se précipitai le prit sous le bras et le conduisit jusqu'au canapé, situé au fond du cabinet présidentiel.

Le Gall installa le malade, qui s'allongea sur le canapé, un coussin sous la tête.

— Je souffre beaucoup, répéta M. Félix Faure, là derrière la nuque. Mon cher Le Gall, je suis perdu!...

— Mais non, interrompit M. Le Gall, qui commença à devenir très inquiet : C'est une indisposition passagère, cela va passer.

Et M. Le Gall fît appeler le général Bailloud, chef de la maison militaire du président de la République. Très affectueusement, M. Félix Faure serra la main dû général et lui dit à plusieurs reprises : « Ça ne va pas ! Ça ne va pas ! ... » .

Précisément, un médecin venait d'entrer dans le palais, le docteur Léon Humbert, de Rambouillet, un cousin du commandant Humbert, de la maison militaire du président de la République. Il accourut auprès du malade et, constatant le danger, déclara qu'il fallait appeler ? Le médecin ordinaire du président.

Toutefois, M. Félix Faure continuait à parler. Il était le seul à se rendre compte de son état. Tout à coup il eut une syncope.

Le docteur Lannelongue accourut, ainsi que le docteur Cheurlot, et ils essayèrent des révulsifs. 

Pendant près de trois quarts d'heure, l'état léthargique dura. M. Félix Faure avait, paraît-il une maladie de cœur. Plus d'une fois il avait répété : « Si je suis emporté tout d'un coup, ce sera par le cœur.  On comprend donc l'angoisse de sa femme et de Mlle Lucie Faure, qui crurent aussitôt à la réalisation de ses pressentiments.

On venait en effet de les faire appeler- il était près de huit heures. Jusque- là, elles étaient restées dans leurs appartements, sans se douter de ce qui se passait.

Félix Faure leur annonça lui-même qu'il se trouvait très mal, mais qu'il avait désiré qu'on ne les prévienne pas pour ne pas les inquiéter.

A ce moment, M. Lannelongue se rendit compte de toute la gravité du mal. Il décida qu'on fit appeler le docteur Potain. Aussitôt, on se mit à la recherche du célèbre praticien qui n'arriva à l'Elysée que bien peu de temps avant neuf heure juste pour constater qu'il n'y avait plus rien à faire. M. Félix Faure était perdu ! » . - Vers sept heures et demie, M. Le Gall s'était rendu au ministère de l'intérieur pour prévenir le président du conseil. — Je vais aller le voir aussitôt, dit M. Dupuy. Toutefois, sur l'observation du secrétaire général que la présence de M. Dupuy pourrait inquiéter le président, le chef du cabinet attendit, demandant des nouvelles constantes, qu'on lui envoya de cinq en cinq minutes. Mais l'état du président de la République empirait d'instant en instant et lui- même s'en rendait un compte exact.

— C'est fini ! C’est fini ! Je suis perdu, ne cessait-il de répéter en s'adressant à Mme Félix Faure, à Mlle Lucie Faure, à M. Le Gall, au général Bailloud à M. Blondel pour lesquels il avait successivement un mot aimable et affectueux. Vers neuf heures et demie, au moment où sa fille, Mme Berge, son gendre et Mlle Berge arrivaient à l'Elysée, le président de la République commençait à perdre connaissance.

Mme Berge se précipita- sur son père pour l'embrasser, mais le moribond la reconnut à peine. A ce moment, M. Charles Dupuy pénétra dans le cabinet du président et s'approcha du canapé transformé en lit de camp. Il prit la main de M. Félix Faure, qui ne répondit point à son étreinte. Déjà le président de la République était entré en agonie.

A dix heures, tout était fini. Le président rendait le dernier soupir, sur le canapé de son cabinet de travail où M. Le Gall l'avait aidé à s'étendre, indisposé, quelques heures plus tôt. Avant de perdre connaissance et d'entrer en agonie, M. Félix Faure avait pu faire entendre encore quelques paroles, parmi lesquelles on cite les suivantes :  « Je demande pardon à tous ceux que j'ai offensés... Je pardonne à tous ceux qui m'ont offensé... »

 LES DERNIERS SACREMENTS

les derniers sacrements du Président Félix Faure

Mort de M. Felix Faure

Aux derniers moments, M. l’abbé Renault donne l’absolution que le malade réclamait avec pleine connaissance, depuis plus de deux heures.

 

 

Avant de mourir, aussi, le président de la République avait vu le prêtre.

Comme, sur ce point très grave, les journaux publient des versions différentes, nous les avons contrôlées par des renseignements personnels.

Vers neuf heures du soir, sur la demande de Mme Faure ou même, on le dit, du président en personne, un employé de l'Elysée courait à l'église Sainte-Madeleine, afin de demander M. l'abbé Herzog curé de la paroisse. En sortant du palais, il rencontra un prêtre qui passait tranquillement.

C'était M. l'abbé Renault, du clergé de Notre-Dame, qui venait de diner chez des parents qu'il possède dans le quartier de Sainte-Madeleine, en étant lui-même originaire.

L'employé entraîna ce prêtre à l'Elysée, en lui annonçant que le président se mourait.

En même temps, on courait néanmoins jusqu'à l'église.

L'abbé Renault fut introduit dans le cabinet du président et put lui donner l'absolution, pendant que M. Félix Faure avait encore toute sa connaissance.

Telle est la vérité.

Quelques instants plus tard, M. l'abbé Herzog entrait à son tour dans la pièce où le chef de l'Etat rendait le dernier soupir.

Ce matin, le curé de Sainte-Madeleine a célébré le saint sacrifice de la messe dans la chapelle de l'Elysée.

LA VERITE SUR LA MORT DE FELIX FAURE

LA LÉGENDE ET L’HISTOIRE

D’après des journaux. des documents, des interviews

 

Le 16 février, vers quatre heures, le président reçut la visite du cardinal Richard archevêque de Paris. Ensuite, tout près de quatre heures et demie, arriva le prince de Monaco. Le prince venait de Berlin. D’après ce que l’on croit, il s’v était rendu pour le compte du président Félix Faure qui, toujours préoccupé de donner un grand éclat à l’exposition de 1900, avait désiré pressentir Guillaume ÎI sur l’accueil qu’il ferait à une invitation du gouvernement français. Le prince de Monaco avait commencé par rendre compte de la mission dont il avait bien voulu se charger. Le président commença aussitôt à marquer de l’impatience ; il se remuait sur sa chaise, déplaçait les objets posés sur son bureau, interrompait. Tout à coup, il se leva et se mit à marcher de long en large. Le prince de Monaco s’était levé en même temps que le président ; il le regardait en silence frappé par surprise. Comment cet homme de si bonne compagnie, toujours si gracieux, si désireux de plaire, pouvait se livrer à un manège aussi insolite, laissé voir une agitation qui contrastait si vivement avec sa politesse habituelle ?

M. Félix Faure ne cessait pas de marcher, la face congestionnée, relevant la tête par brusques saccades. Tout à coup, comme il se trouvait près de la porte, par un mouvement machinal, il l’ouvrit ; aussitôt, le prince de Monaco se dirigea vers cette porte en disant :

— J’ai l’honneur de prendre congé de vous, monsieur le président.

Subitement, M. Félix Faure se calma, se ressaisit ; prenant les mains du prince, il lui dit :

— Vous partez déjà ? Mais vous reviendrez, n’est-ce pas ?

Et, comme ayant conscience et regret, d’avoir, pour la première fois peut-être, manqué de correction, il accompagna le prince de Monaco jusqu’à la porte du deuxième salon.

Sorti de l’Elysée, le prince raconta la scène à ses intimes :

— J’ai trouvé le président un peu étrange : il m’a paru malade ; il a mis fin à notre entretien avec une brusquerie bien étonnante de sa part, après m’avoir laissé voir qu’il n’était pas bien maître de lui. Il a voulu effacer cette mauvaise impression ; il m’a reconduit beaucoup plus loin qu’il ne le devait. J’ai cru qu’il allait venir jusqu’à ma voiture.

C’est extraordinaire ! Le lendemain, 17 février, les journaux publiaient avec des titres énormes, la nouvelle de la mort de Félix Faure ! L’auteur de ce récit, Saint- Simonin (dans les Mémoires de Félix Faure) énonçait, à titre de pure hypothèse, que le président avait pu être empoisonné par le cyanure de potassium. Le cyanure a pu être administré au président dans un cigare ; il dit que son explication de la catastrophe est admise comme la seule vraie par tous ceux qui entouraient M. Félix Faure : il dit que si on n’a pu prendre de photographie du président sur le lit de parade, c’est parce que le visage était contracté et que certains chimistes ont reconnu la contraction révélatrice de l’empoisonnement par le cyanure de potassium.

Cette fable de l’empoisonnement fut admise par un grand nombre de personnes. On peut aujourd’hui en démontrer l’absolue fausseté.

A côté de la légende, il y a l’histoire.

COMMENT LE PRÉSIDENT EST MORT

Empruntons à la Dépêche de Toulouse et à la Petite Gironde, deux journaux bien connus pour leurs attaches gouvernementales et la sûreté de leurs informations, le récit qui va suivre.

 

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Ces informations ont été confirmées par les récits publiés dans les principaux journaux de province et de Paris : France de Bordeaux, Eclair, Progrès de Lyon, Paris-Journal, Intransigeant, etc. Le 16 février 1899, le président de la République avait reçu, en effet, le cardinal Richard, puis le prince de Monaco. L’un et l’autre furent frappés de l’état d’excitation anormale de Félix Faure et de la hâte qu’il mit, lui qui était d’ordinaire d’une politesse raffinée, à les congédier. Le prince de Monaco avait quitté l’Elysée vers cinq heures et demie. Bientôt un cri d’alarme retentissait et amenait M. Le Gall, officier d’ordonnance, chez le président. Il était alors six heures un quart. C’est entre ces deux moments que le drame s’est joué. Si le président avait paru nerveux au prince de Monaco, c’était sans doute parce qu’il attendait avec impatience d’être seul pour accorder à la visiteuse placée dans une pièce voisine l’audience qui lui était habituelle. Le nom de cette femme, c’est Mme Steinheil. Elle était devenue l’amie de Félix Faure et le personnel de l’Elysée la connaissait bien. On entourait d’ailleurs ses visites d’une discrétion bien naturelle. Le président s’entretenait avec elle quand, soudain, un cri s’éleva. C’était Mme Steinheil qui appelait à l’aide, Félix Faure, pris d’une syncope, s’était accroché à la belle chevelure dénouée de ta visiteuse. Les intimes qui pénétrèrent dans la pièce de l’audience, stupéfaits d’abord du spectacle qui s’offrait à leurs yeux, s’efforcèrent de dégager la chevelure : l’étreinte du président, que crispait l’agonie, défiait toutes les forces. On coupa une poignée de cheveux ; puis Mme Steinheil, dont la toilette en désordre fut réparée sommairement, fut placée dans un fiacre. On la conduisit dans une maison de santé rue de Vaugirard pour donner le change, laissé croire qu’elle s’y trouvait depuis plusieurs jours pour subir une opération. »

La Dépêche de Toulouse.

 

 

LA FIOLE CONTENAIT UN APHRODISIAQUE ET NON DU CYANURE DE POTASSIUM

 

On connaît d’ailleurs aujourd'hui avec certitude la cause de cette surexcitation anormale que remarquèrent le cardinal Richard et le prince de Monaco. Une fiole que l’on retrouva dans les objets de toilette du président indiqua à quel stimulant il avait parfois recours pour tromper sa fatigue physique. Les médecins qui furent appelés à son chevet eurent la preuve manifeste que le président avait absorbé de ce stimulant dans le cours de l’après-midi fatale. II est seulement vraisemblable que, lorsque le président eut recours à sa médicamentation, il ne comptait pas recevoir, ou qu’il avait oublié qu’il devait recevoir les visites du cardinal Richard et du prince de Monaco. En outre, avant de leur donner audience, il savait qu’une visiteuse l’attendait dans le cabinet de M. Le Gall. La hâte qu’il avait d’aller retrouver cette visiteuse, les efforts qu’il dut s’imposer pendant l’audience du prélat et du prince pour dominer son énervement, out, selon l’avis même de plusieurs médecins, contribué à amener la congestion foudroyante qui, une demi- heure plus tard, frappait le malheureux président. M. Faure est donc bien mort d’une brusque cassure de tout le système artériel, et tous les témoignages concordent à prouver que, le 16 février, ce système artériel était déjà dans un état qui permettait de craindre toutes les Catastrophes.

 

France de Bordeaux et du Sud-Ouest.

 

LES DERNIERS MOMENTS DE FELIX FAURE

 

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Charles Dupuy, qui était président du conseil le 16 février 1899, a fait les très nettes déclarations que voici :

— Je fus amené, a dit l’ancien président, à constater que M. Félix Faure souffrait d’une maladie de cœur le jour même où je réussis à former le cabinet qu’il m’avait chargé de constituer en novembre 1897. J’avais averti le président de la République que je réunirais chez moi, dans l'après-midi, mes futurs collègues et que je lui apporterais une réponse définitive à l’Elysée vers cinq heures et demie. L’entretien se prolongea et je n’allai rendre compte de ma mission qu’à six heures et demie. Je trouvai M. Félix Faure très ému de ce retard ; il me prit la main et la plaça sur son cœur en disant : « Voyez ce que produit en moi la moindre inquiétude-». Je constatai que le cœur battait avec une violence et une rapidité effrayantes.

Dans les journées qui précédèrent la catastrophe du 16 février, je remarquai chez le président un malaise manifeste. Dans la matinée du dernier jour, il présida le conseil avec sa lucidité accoutumée, mais il nous donna à tous une impression de fatigue et de nervosité. Aussi, lorsque, à huit heures du soir, M. Blondel vint m’avertir que le chef de l’Etat était dans l’état le plus grave, fus-je plus affligé qu’étonné. J’arrivai à l’Elysée vers huit heures et quart ; le président était étendu dans son cabinet, à moitié dévêtu. Deux docteurs, le professeur Lannelongue et le docteur Cheurlot, lui donnaient des soins. L’un lui faisait respirer des inhalations, l’autre, M. Lannelongue, procédait à des tractions rythmiques de la langue, ce qui est un spectacle fort pénible. Dans la pièce, un prêtre, tout essoufflé, récitait en haletant la prière des agonisants. Le président était agité par instants de mouvements convulsifs : il ne me reconnut pas, quoique de temps en temps il ouvrît les yeux. Deux ou trois fois, je vis Mlle Lucie Faure entrouvrir la porte et interroger les médecins d’un œil anxieux. Vers 8 h. 35, le docteur Lannelonge fit signe que tout était fini. Ni l’un ni l’autre des médecins ne laissa supposer un instant que cette mort ne fût pas naturelle, bien que subite ; s’ils avaient soupçonné un crime, leur devoir impérieux eût été de m’en avertir.

On comprendra la discrétion de Charles Dupuy.

 

COMMENT FÉLIX FAURE AVAIT CONNU MADAME STEINHEIL

 

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 Mme Meg Steinheil

 

Mme Steinheil connaissait Félix Faure. Comment ? Mme Steinheil était venue, accompagnée de son mari et d’un magistrat ami, assister aux manœuvres alpines qui s’effectuaient en présence du président de la République. Un jour que ce dernier passait en revue un bataillon alpin, il aperçut la jeune femme qui s’amusait à prendre quelques photographies des scènes qui se déroulaient devant elle. Félix Faure fut séduit par la grâce de Mme Steinheil, qui était alors dans tout l’éclat de sa beauté. Il la prit pour une jeune fille tant elle paraissait jeune. S’approchant d’elle, il lui dit, après lui avoir fait quelques aimables compliments : <ï Mademoiselle, je serais heureux si vous vouliez bien me prendre en photographie tel que je suis. Ce serait le plus agréable souvenir que j’emporterais de ma visite parmi nos braves alpins, » Mme Steinheil, de répliquer : <t C’est moi, monsieur le Président, qui serais contente de vous être agréable. Mais, malheureusement, mon appareil ne marche pas, et il ne m’est pas possible de le réparer moi-même. » Le magistrat, qui était un ami du Président, et qui accomplissait une période de vingt-huit jours comme lieutenant, et qui se trouvait en ce moment aux côtés de Mme Steinheil, s’avisa de faire les présentations. Le Président déclara alors qu’il estimait beaucoup le talent du peintre, dont il possédait même une œuvre. Pendant tout le cours de la conversation, Félix Faure se montra fort enjoué et parfaitement aimable, et comme il allait prendre congé de la jeune femme, il lui dit : « J’espère bien que M, Steinheil et vous viendrez me voir dès mon retour à Paris. Et puis, vous savez, vous avez presque promis de me photographier à l’Elysée. » Mme Steinheil et son mari furent dès lors reçus à la présidence de la République. Les relations ébauchées aux manœuvres alpines se poursuivirent — Mme Steinheil, qui avait l’ambition d’arriver, n’aurait eu garde de négliger l’invitation du Président — et devinrent de plus en plus étroites. La liaison fut un fait accompli. (De la Petite Gironde.) « TU SERAS REINE » Voici une toute petite histoire que l'on conte au sujet de l’enfance de Mme Steinheil : Marguerite Japy avait quinze ans quand, avec une amie, une parente, elle alla visiter une diseuse de bonne aventure. — Vous aurez, lui dit cette perceuse de ténèbres, une existence brillante et mouvementée. L’enfant poussa un cri de joie, mais la pythonisse, voulant apparemment gagner, par un excès de zèle, un peu plus que la somme promise pour ses prédictions, ayant levé ses bras au ciel, s’écria : — Tu seras reine ! Tu seras reine ! Elle exagérait. Mme Steinheil ne réussit qu’à devenir l’amie d’un Président de la République, et cette liaison se termina dans des circonstances trop tragiques pour que la femme fatale n’ait point eu à regretter un peu cette prédiction.

 

Conclusion

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Les funérailles de Felix Faure

 

Félix Faure meurt au palais de l'Élysée les 16 février 1899, à l'âge de 58 ans. Des quatre présidents de la République française décédés en fonction, il est le seul à être mort à l’Elysée.

Celle que l’on surnomme « la pompe funèbre » va quelque peut s’éclipser.  Mais le scandale partiellement caché de la mort de Felix Faure à l'opinion publique, à l'époque des faits, va faire surface neuf ans plus tard en 1909, dans une affaire criminelle dont Marguerite Jeanne Japy, épouse Steinheil, dite Meg sera la vedette.

Mais ceci est une autre histoire…

 

Une pointe d'humour ...


caricature felix faure

 

Flirt méridional entre Sa Gracieuse Majesté Victoria et son Elégance Felix Faure

Dessin de C. Léandre


Bibliographie 

Revue L’Univers

Magazine L’œil de la police

La dépêche de Toulouse

Journal l’Aurore

Le petit journal



03/09/2022
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