LES ARTISTES MAUDITS
Ils ont été poètes (Verlaine, Baudelaire, Rimbaud), musicien (Schumann), peintre (Van Gogh), ou sculpteur (Camille Claudel), à être marqués par le destin. Les plus célèbres parmi ces artistes maudits vivaient à la fin du XIXe siècle, à l’époque culminante du romantisme. Un destin tragique, comme si une malédiction s’était abattue sur eux.
Qu’est-ce qu’est un artiste maudit ?
« Cette appellation, appliquée à des écrivains, Paul Verlaine l’utilisa en 1884 puis en 1888, dans “Les poètes maudits”, est aussi valable pour les peintres, sculpteurs, musiciens, donc pour tous ceux qui créent, inventent projettent leur imagination et leur talent dans leurs œuvres et souffrent de ne pas être compris, quand ce n’est pas rejetés. Il est vrai qu’ils sont en conflit avec la société, anticonformistes, provocants, bohèmes, n’acceptent pas les normes de leur siècle, refusent les contraintes sociales ou même les ignorent. »
Marcel DANAN et Anne-Marie CELLIER
Paul Verlaine par Frédéric Bazille
Les Poètes et Peintres Maudits
Quel amour immodéré de la classification nous possède ! A croire que nous ne pouvons vivre sans, perpétuellement, étiqueter les êtres et les choses qui nous tombent sous les sens. Ainsi, ô suprême sagesse, avons-nous, avec un flair, une âme d’entomologiste, catalogué comme peintres maudits de purs artistes qui n’ont jamais attendu de l’Art d’autres satisfactions que d’atteindre au sublime. Peu soucieux d’assurer leur bifteck quotidien, se moquant, comme de leur première chemise, de l’opinion du public, ces « maudits » connurent une réprobation unanime, en même temps que la misère et la faim, ne se nourrissant que d’idéal ; le pain de l’esprit, disent les gourmets. Les fins gourmets, en vérité, car ce sont eux, ces impuissants, ces gavés, pour qui l’Art est toujours lettre morte, qui les ont ainsi baptisés, jetant, pêle-mêle, dans le même sac, peintres et poètes : Rimbaud, Verlaine, Tristan Corbière, Baudelaire, Germain Nouveau, Gauguin, Van Gogh. Cézanne, Loutreuil et Modigliani. Maudits, ces poètes, ces peintres ? quand tant d’autres, des vaniteux, des incapables, trouvent grâce devant leurs yeux, ne songeant qu’à s’arrondir la panse, à gonfler leur compte en banque ! Non, le talent ne se mesure pas aux millions entassés, aux commandes que vous passe l’Etat, aux toiles que l’on accroche dans ses musées. Mais, plutôt, maudits soient ceux qui se prennent au sérieux, ces peintres, placeurs de croûtes infâmes, ces débrouillards qui ne cessent d’intriguer, réclament vos coups de chapeaux et vos chèques.
Verlaine par Dornac